Sous leurs tentes sombres, quelques Bédouins élèvent encore aux portes de la ville leurs camélidés, tandis que sur la Corniche, boulevard style Croisette, longeant la mer et sur les autoroutes éclairées de jour comme de nuit, leurs descendants filent à bord de leur 4X4 ou de leur Ferrari. Réalité d’un émirat se projetant à vive allure dans un futur qu’il souhaite flamboyant et où le bolide italien est aussi adulé que les dromadaires de course. A l’opposé du Vieux continent, étaler sa fortune n’a ici rien de choquant, bien au contraire ! Les néo-fortunes d’Abu Dhabi roulent en Ferrari ou en Hummer, et y écument les centres commerciaux : Yas Mall, Dalma Mall, Abu Dhabi Mall, où les enseignes prestigieuses étanchent les soifs de shopping tous azimuts. Elles s’amusent au Yas Waterworld. Et, prient à la Grande mosquée du Cheikh Zayed, ouverte au public en dehors des heures de prière et du Ramadan. Dans ce lieu de culte, véritable œuvre d’art, entouré de bassins, des milliers de fleurs en marbre décorent les colonnes et les murs, éclairées par des lustres de cristal monumentaux.
Epris de culture et d’éducation, le Cheikh dédie à ses domaines un budget conséquent. Il dote ainsi son émirat d’universités, dont une développée en « joint-venture » avec la Sorbonne, et de nombreux musées. Au Al-Bateen Mall, l'Etihad Modern Art Gallery comble les amateurs d'art contemporain tout comme son étonnant Art House Café qui mérite qu’on s’y attable. Le Louvre, dessiné par Jean Nouvel sur l’île de Saadiyat ouvert en 2016, côtoiera le Guggenheim de Frank Gehry en cours de construction. Tandis que des chefs d’orchestre et musiciens internationaux se produisent pendant la saison de la Musique Classique (d’octobre à mai) et dans les concerts d'après-course, en novembre, au moment du célèbre Grand Prix de Formule 1 d’Etihad Airways.
C’est également le Cheikh, sensible aux enjeux d’un environnement plus que fragile, qui a encouragé l’implantation en plein désert, à quinze minutes du centre, d’une gigantesque exploitation écologique d’où sortent des produits certifiés par un label bio international. Sa majesté suit en outre de près l’évolution de Masdar City, ambitieux projet d’une ville éco-solaire en pisé surgie des sables en 2008. A terme, elle devrait compter quelque 40 000 habitants et un millier d’entreprises. Chaque fin avril, architectes, designers, investisseurs, se pressent au Cityscape, sorte de salon de l’immobilier tandis que tous les deux ans, en février, les industriels de la défense et de la sécurité exposent leurs dernières trouvailles à l’Idex.
Tout en préservant son quartier historique de Qasr Al Hosn, fief de la famille régnante, Abu Dhabi, membre éclairé des Emirats arabes unis, ne rêve que de séduire davantage de visiteurs. La construction de son nouvel aéroport qui sera à échéance l’un des plus technologiques du monde, avec un duty free dix fois plus grand que l’actuel, prouve que que la Belle des sables parie sur le long terme, avec ambition.